Mon enfant ment, que faire ?

Affabulation, dissimulation : comment et à partir de quel âge peut-on aider un enfant à dire la vérité ?

Lou, 4 ans, a les doigts couverts de chocolat poisseux lorsque son père entre le salon. “Qui a mangé les chocolats de Noël ?“, demande-t-il à sa fille. “C’est papy“, répond-elle, comme si invoquer son grand-père lui assurait une protection certaine.
4 ans, encore l’âge de la pensée magique chez le petit enfant : la croyance que ce qu’il veut va se réaliser, que ce qu’il dit devient forcément vrai, parce qu’il est en quelque sorte tout puissant. Avant l’arrivée de la conscience morale qui permet de distinguer le bien du mal, le fameux âge de raison, il n’y a pas de la part d’un jeune enfant de réelle volonté de dire un mensonge, mais une distorsion de la réalité peu consciente.

A partir de 4 ans, un parent peut progressivement aider son enfant à réaliser la conséquence de ses actes : est-ce correct de casser la maquette de mon grand frère ? Lui montrer la peine qu’il ressent l’aide à grandir en générosité ; lui dire qu’il est méchant risque juste de le blesser. On peut distinguer dans les mensonges l’affabulation de la dissimulation d’une bêtise. Certains auront tendance à imaginer des histoires les concernant eux ou leur famille, peut-être pour attirer l’attention ou se sentir inclus dans un groupe. Leur besoin de valorisation est à prendre en compte avec sérieux, pour éviter qu’il ne se transforme en conduites à risque. Est-ce en passant plus de temps avec lui, en lui faisant des compliments, en s’intéressant à ce qu’il vit dans sa journée, avec ses amis ? Est-ce que je prends ses soucis au sérieux, ou est-ce que je les minimise ?

“Je n’aime pas ta mauvaise action,
mais je t’aimerai toujours”

Mentir révèle parfois la difficulté à se différencier de ses actes. Une bonne prévention passe par un message à répéter constamment : je n’aime pas ta mauvaise action, mais je t’aimerai toujours. Cela renforce la sécurité intérieure et permet d’assumer ses erreurs ou manquements. Autrement dit, tu as fait une ânerie, mais tu n’es pas un âne, et tu peux retrouver ta fierté en réparant ta faute, avec une sanction adaptée à chaque situation. Autant une punition peut humilier ou paraître injuste à un enfant, autant une sanction en lien avec la transgression lui redonnera une juste place dans la famille : il s’est racheté. Une attitude fondamentale en éducation, transposable dans le monde de l’entreprise. Un bon manager devrait accepter les erreurs, et permettre ainsi une plus grande responsabilisation et implication de ses équipes.