Le piège des interprétations

Comment distinguer le factuel de mon interprétation ? Un exercice qui apaise les relations.

“Je n’inviterai pas ma cousine Ana à mon anniversaire”, explique Jules à son père. Celui-ci est fâché, le trouvant un peu égoïste. Une explication lui aurait permis de comprendre tout de suite que Jules avait peur que sa cousine s’ennuie avec ses camarades plus jeunes. Le danger de l’interprétation (“il est égoïste”), c’est qu’elle est difficile à déceler pour soi-même : je suis sûr de ce que je pense, je ne réalise pas que je suis en train d’interpréter, et ne vérifie donc pas si cela correspond à la réalité.
Un autre exemple ? “Ta sœur est douée en sport” devient : “elle est plus douée que toi” ; “j’aime beaucoup les cadres de vos tableaux” se transforme en “seuls les cadres sont jolis”. “Que faites-vous cet été ?” ne signifie pas “pouvez-vous nous inviter chez vous ?”, pas plus que “votre conférence était très argumentée” ne veut dire “vous aviez trop d’exemples”.

Les interprétations sont d’importantes sources de malentendus, alors qu’un peu de vigilance peut nous aider à rester rationnel. Comme un bon journaliste, nous pouvons nous demander quelles sont nos sources, voire nos preuves. Les émotions qui surgissent en nous à la suite d’un événement peuvent devenir envahissantes et nous faire transformer la réalité. Rappelons-nous que nos émotions sont des indicateurs et non des guides. C’est en alliant intelligence émotionnelle et intelligence rationnelle que nous pouvons faire des choix éclairés et avoir une juste perception des faits. Comment ajuster ? En parlant avec une tierce personne pour avoir son éclairage, ou en changeant son dialogue intérieur.

Invitation à s’exprimer
plus clairement

Ainsi, plutôt que d’exprimer une certitude, vous pouvez choisir de dire “je m’imagine que” et prendrez ainsi du recul sur l’événement qui vous affecte. La seconde étape sera de vérifier auprès de votre interlocuteur le fond de sa pensée. Que souhaitait-il exactement vous dire ?

Reprenons l’histoire de Jules. Son père pourrait vérifier : “que veux-tu dire par là ?” Une phrase qui permet de faire préciser et de passer d’une interprétation souvent négative à un échange factuel. Une astuce à utiliser également sans modération avec les habitués des allusions, pour les inviter à s’exprimer plus clairement. Utile pour prévenir un reproche infondé, ou avec les personnes manipulatrices.