Parce que le sujet sera toujours d’actualité, voici le mode d’emploi du parent inquiet à l’usage de son enfant en colère.
La Manche Libre, le coin du psy 11 juin 23
Pas facile de se voir refuser par ses parents une sortie ou d’être puni pour des mauvaises notes. La révolte n’est pas loin, ainsi que le risque de ne pas se sentir aimé. Et si les reproches et les interdits parentaux n’étaient pas des brimades mais une preuve d’amour ? C’est ce qu’a découvert Jérémie grâce à la thérapie familiale. La demande de ce papa solo ? Mieux communiquer avec son fils de 15 ans. Celui-ci prévient : il n’a pas envie de parler. Un constat partagé, car ils échangent davantage pour se faire des reproches que pour du positif.
Se remercier
Je leur propose donc de se faire deux compliments. Leur visage s’éclaire, l’émotion et la fierté sont palpables. Jérémie peut exprimer posément ce qui lui pèse : il veut plus de liberté, notamment pouvoir choisir sa coupe de cheveux et ses habits. Une coupe afro qui met en valeur ses cheveux mais qu’Antoine refuse fermement. De son côté, Antoine souhaite une diminution des temps d’ordinateur, ce qui paraît injuste à son fils : “Je n’en fais que le week-end !”.
Décoder les interdits
Alors qu’il était impossible en famille, un dialogue serein s’engage grâce à la médiation. Le père peut enfin avouer à son fils que cette coupe de cheveux — la même que celle des jeunes des quartiers — signifie à ses yeux qu’il veut faire partie de leur bande, grâce à cette marque d’appartenance. Jérémie est étonné : il cherche en fait à ressembler à un joueur de foot, métis comme lui, qu’il trouve très beau. En fait, devenir joueur de foot est son rêve d’enfant… Derrière le “non” paternel, il y avait une fausse croyance et surtout de la peur : en parler a permis à Jérémie de comprendre qu’il doit rassurer son père.
Chercher l’émotion non exprimée
Un cadre éducatif ferme est indispensable. Toutefois, lorsqu’un éducateur pose trop d’interdits, profère des accusations ou des jugements démesurés, c’est sans doute qu’il est envahi par une émotion désagréable qu’il ne nomme pas. La formuler permet d’ouvrir le dialogue. La colère peut exprimer l’impuissance ou la tristesse, et les reproches la peur, parce qu’il est difficile d’exprimer ce que l’on vit. La bonne nouvelle est que le fondement de ce qui est perçu comme une injustice est l’amour : c’est l’amour d’un parent qui fait des choix éducatifs pour protéger ou encourager ses enfants.